Les
origines et la déclaration de la guerre.
La victoire
prussienne de SADOWA (3juillet 1866) regroupe
autour d'une Prusse agrandie " La
Confédération d'Allemagne du Nord".
Bismarck, convaincu que Napoléon III ne
consentira jamais au rattachement des Etats du
Sud à la Prusse, juge la guerre contre la France
inévitable pour construire une grande Allemagne
s'étendant de la Baltique à l'Adriatique.
Napoléon III,
malgré son désir personnel de paix, va tomber
dans le piège tendu par Bismarck, très au
courant également des faiblesses internes de la
France et déterminé à en tirer profit. La
guerre est à la merci d'un incident.Début
juillet 1870, le gouvernement provisoire de
Madrid offre au prince prussien Léopold de
Hohenzollern-Sigmaringen la candidature au trône
d'Espagne. Léopold, encouragé par Bismarck,
accepte cette offre. En France l'émotion est
intense.
Un Hohenzollern
sur le trône d'Espagne,c'est la France en
tenaille. Le 13 juillet, Paris demande au Roi de
Prusse l'assurance écrite qu'il n'autorisera pas
cette candidature. Guillaume 1er refuse, tout en
rappelant qu'il donne son approbation entière et
sans réserve à la renonciation du Prince.
Bismarck voit la guerre lui échapper. I1 abrège
la fameuse " Dépêche d'Ems ",ce qui
suffit à lui donner un caractère offensant pour
la France et en communique le texte à la presse
internationale.
L'indignation
est considérable à Paris. Le 15 juillet, le
Corps Législatif qui, jusqu'à maintenant avait
paralysé la réforme de la Défense Nationale
demandée par l'Empereur en refusant notamment
les fonds pour la modernisation de l'artillerie
et la généralisation du service militaire
proposées par le Maréchal NIEL, vote les
crédits pour la mobilisation.
La déclaration
de guerre française parvient à Berlin le 19
juillet 1870. Les deux peuples sont désormais
prêts à se ruer l'un contre l'autre, chacun
étant convaincu de son bon droit, ceci dans un
contexte diplomatique difficile; l'Italie et
l'Autriche se joignent à l'Espagne et à la
Grande Bretagne dans une neutralité expectative.
Face à
face à WOERTH le 6 août 1870.
Après la
déclaration de la guerre, l'opinion publique
dans la région de Woerth comme dans tout le pays
ne doute pas d'une victoire rapide. A la suite de
la défaite héroïque de la Division ABEL DOUAY
le 4 août à Wissembourg, la population locale
stupéfaite, attend inquiète la suite des
événements...
Le matin du 6
août, la 3éme Armée allemande, sous les ordres
du Prince Royal de Prusse Frédéric Guillaume,
composée de 1 00.000 hommes sur la rive Est de
la Sauer, fait face aux forces françaises du
Maréchal de Mac-Mahon, formée seulement de
43.000 soldats regroupés sur les hauteurs entre
Langensoultzbach et Morsbronn-les-Bains.
La journée du 6
août doit permettre aux forces françaises
d'organiser les forces et d'acheminer les
renforts.L'Etat-Major allemand écarte également
l'hypothèse d'une attaque française pour ce
jour Selon l'expression d'un historien militaire
allemand " Froeschwiller fut une bataille
improvisée. "
La
Bataille.
Dès 7 heures du
matin, un échange de coups de canons et des
accrochages de patrouilles précipitent les
événements contre la volonté des deux
Généraux commandant en Chef Si au début de la
bataille les Français réussissent à contenir
les Allemands et leur infligent de lourdes
pertes, la situation ne tarde pas à s'aggraver
progressivement pour eux à partir de midi.
principalement au Nord du Niederwald autour de
Froeschwiller et d'Elsasshausen. Grâce à des
renforts jetés dans la bataille, les Allemands y
exercent une forte pression. Courageusement, les
Français se battent à 1 contre 4. Des combats
meurtriers s'y livrent sans relâche. Finalement
l'artillerie allemande fait 1a décision.
Quelques
épisodes de la bataille.
La charge
de la Brigade MICHEL.
Autour de
Morsbronn que marque le flanc sud du dispositif
Français, la 4éme division du Général
LARTIGUE, très éprouvée par le tir de
l'artillerie allemande dont la supériorité se
confirme, risque d'être tournée par les unités
d'infanterie prussienne commandée le Général
SCHKOPP Les 8ém et 9éme Cuirassiers,2 escadrons
du 6éme Lanciers de la Brigade du Général
MICHEL sont désignés pour la dégager vers 13
heures. Ces magnifiques cavaliers, parmi lesquels
se trouvent beaucoup d'Alsaciens, s'élancent aux
cris répétés de "Vive l'Empereur"
dans un train d'enfer vers Morsbronn que nos
Turcos ont déjà évacué. Mais le terrain est
parsemé de vignes et de houblonnières. Autant
de pièges et d'obstacles mortels. Autant de
couverts derrière lesquels sont embusqués les
fantassins prussiens qui ouvrent un feu
meurtrier, à bout portant, sur les vaillants
Cuirassiers. Après avoir bousculé et refoulé
les Allemands, progressant le long de la lisière
du village, les Cuirassiers pénètrent dans
Morsbronn par le nord, mais essuient un feu
nourri venant des maisons où l'ennemi s'est
retranché.
Continuant leur
charge, ils arrivent à la bifurcation de la rue
principale du village. Les uns se dirigent à
gauche vers la route de Woerth-Haguenau et
gagnent la plaine. Certains parviendront à
Strasbourg et y porteront la triste nouvelle...
Les autres, les plus nombreux, trompés par la
largeur de la rue qui, à droite de la
bifurcation conduit comme de nos jours vers
l'église et la sortie du village en direction de
Mertzwiller, s'y engagent au grand galop. Mais se
rétrécissant progressivement jusqu'à
l'église, puis s'imprimant deux tournants
successifs, le 1er à gauche, le 2éme à droite,
presqu'à angle droit, avant d'escalader un
raidillon étranglé vers les vignes, cette rue
devient une véritable souricière où les
malheureux cavaliers s'entassent pêle-mêle et
deviennent la cible facile des tireurs ennemis...
A leur tour, les 2 escadrons du 6éme Lanciers
suivent le même chemin et tel un ouragan
s'engouffrent par le Nord dans Morsbronn où ils
subissent le même sort que leurs camarades
Cuirassiers... En peu d'instants, tous ces
superbes
escadrons sont fauchés, massacrés !.
La charge
de la Division de BONNEMAINS.
Vers 15 heures
15, la Division de Cavalerie de BONNEMAINS,
composée des 1er, 2éme, 3éme et 4éme
Régiments de Cuirassiers, reçoit l'ordre de
charger au centre du dispositif . Elle exécute
17 charges en l'espace d'une heure. Elle perd un
tiers de son effectif .Le Colonel Louis LAFUTSUN
DE LACARRE, commandant le 3éme Cuirassiers, se
lance à la tête de ses cavaliers. Il est
décapité par un obus qui blesse également son
trompette, l'Alsacien TOCH. Malgré cela, le
corps rivé à son cheval et sabre au poing... le
Colonel au grand galop poursuit l'assaut vers
l'ennemi ! !
Combien
hallucinant a dû être ce spectacle...
L'armée
impériale comptait 10 beaux Régiments de
Cuirassiers au début de la guerre. En une seule
journée 6 furent anéantis, sans autre résultat
que de retarder l'avance de l'ennemi d'une
demi-heure.
Le
sacrifice des Tirailleurs.
Après avoir à
la mort les Cuirassiers et perdu sa réserve
d'artillerie, Il ne restait à Mac-Mahon qu'un
seul régiment qui n'avait pas encore saigné ce
6 août le 1870 Tirailleurs Algériens qui avait
perdu le tiers de son effectif à Wissembourg le
4, Baïonnette au canon, les Tirailleurs
surgissent sur la craille et foncent sans tirer
sur les Prussiens viennent de s'emparer des
canons français. Le feu violent dirigé sur eux
ne peut les arrêter. Le choc principal se donne
là où les unités du 11ème et 5ème Corps se
mélangent. Cette masse inorganisée est prise de
panique. Les Prussiens s'enfuient en désordre
vers Elsasshausen, le Petit-Bois et jusqu'au
Niederwald, entraînant dans la débandade les
unités de seconde ligne. Plus de 2.000 Prussiens
se sauvent devant la charge impétueuse des
Turcos. L'élan téméraire des Tirailleurs se
brise à la fusillade générale des Prussiens
embusqués à la lisière du bois. Par trois fois
les Turcos se jettent en avant, trois fois ils
sont repoussés par la pluie de balles et de
mitraille qui les accable.
Le Général
HAUSMANN, commandant l'artillerie du 11éme Corps
réussit à arrêter la retraite d'une batterie
et à ouvrir le feu par boîtes à mitraille sur
le flanc gauche des Tirailleurs. La panique des
Prussiens est terminée. Ils se lancent à la
contre-attaque sur le flanc droit. Il était
environ 16 heures quand le sacrifice des Turcos
fut consommé. Leur attaque constitue l'un des
plus brillants faits d'armes de la journée du 6
août riche en actes de bravoure dans les deux
camps.
La maison
des Turcos.
Le 7ème
Régiment de Tirailleurs Algériens était
composé, le matin du 6 août de 84 officiers et
de 2.216 hommes. Entre 15 heures 30 et 16 heures,
une trentaine d'hommes, réunis autour du
Capitaine ANGLADE près de la maisonnette
destinée à surveiller les vignes du Nord-Ouest
de Woerth, résistent farouchement aux assauts
répétés de plusieurs centaines de Bavarois.
Sans munitions, les Turcos dans une lutte âpre
à la baionnette tombent les uns après les
autres, à l'image de leur Capitaine, percés de
coups. dans une ultime et impossible résistance.
Seuls 8 officiers et 441 hommes de ce Régiment
se retrouveront le Soir sur la route du repli.
Après la
bataille
Du côté
Allemand, on peut faire confiance à la
comptabilité méthodique de l'Etat-Major. Elle
indique 487 officiers et 10.153 sous-officiers et
hommes tués. Du côté Français, les chiffres
varient selon les sources. On estime les pertes
totales de l'Armée d'Alsace à 10.000 tués et
6.000 prisonniers. Les premiers jours après la
bataille, ce fut l'enfer pour la population
civile de Woerth et Froeschwiller Les Allemands
avaient raflé toutes les réserves alimentaires
et le seul puit qui contenait encore de l'eau
était assiégé en permanence par la troupe. Aux
abords des rues, dans la campagne, des monceaux
de cadavres attendaient qu'on veuille bien les
enterrer. Devant l'ampleur de la besogne, tous
les hommes valides des villages environnants
avaient été réquisitionnés. Armés de pelles
et de pioches ils mirent près de huit jours pour
ensevelir tous les cadavres.
Le Souvenir Napoléen d'Alsace,
49 rue des Vosges, 67 Strasbourg.