Les Humoristes Alsaciens
(et ce qui ne gâte rien : Mulhousiens...)

L'oeuvre de Henri Zislin et JJ Waltz (alias "Hansi")

Henri ZISLIN est né à Mulhouse le 16 Juin 1875. ( JJ Waltz est né en 1873 ). Il fait preuve très tôt de dispositions pour le dessin . Il fréquente une école de Dessin Industriel de Mulhouse , puis travaille dans l'atelier de dessin de son père.

Comme HANSI, il supporte mal l'annexion de l'Alsace par l'Empire Germanique et il met toute sa verve au service de la résistance à la germanisation de son pays .

Il fonde en 1903 une revue satirique " D'r Klapperstei " qu'il arrêtera au n° 52 faute d'argent .

Il continue son combat et publie en 1905 une brochure "Das Elsass als Bundestaat " .


Henri Zislin et Hansi

Les allemands considèrent cette publication comme une attaque contre l ' Empire , la publication est confisquée et ZISLIN est emprisonné pendant 3 jours. Il n'en fallait pas plus pour le rendre populaire parmi les siens. Son combat continue et il publie en 1907 une autre revue " Dur's Elsass" Il s'adjoint occasionnellement Hansi qui peut assurer la sortie de la revue quand une nouvelle fois ZISLIN connaît les geôles allemandes pour 8 mois cette fois-ci !

ZISLIN se dévoue tout entier à son journal, il en est le rédacteur , le dessinateur . Il assure même les ventes par correspondance , expédie , établi les abonnements , signe les reçus.

Ces démêlés avec l'Empire Allemand lui valent alors une grande notoriété. Avec Hansi , il est considéré comme le symbole vivant de la résistance à l'Allemagne . Tous deux sont invités à Paris à de nombreuses manifestations patriotiques. Comme HANSI , il servira en qualité d'officier interprète pendant la guerre de 1914-1918.

Il récidive en 1910 pour à nouveau 2 mois de prison à la suite d'un article de G Weber publié dans Dur's Elsass. Pour s'acquitter de ses dettes , il publie deux cartes postales qui lui valent à nouveau 2 semaines de prison , le fond tricolore des cartes ainsi éditées paraissant trop suspect aux autorités prussiennes !


ZISLIN, officier interprète, par Léon Hornecker en 1916


Le portrait de Napoléon, sous l'occupation prussienne, cela fait quand même désordre.....
L'après guerre le retrouve toujours très actif : Dur's Elsass réapparaît en 1919 ; en 1923 il dirige le " Narichtendienst " ; en 1926 il publie " Die Zukunft " ; en 1930 il fonde un nouveau journal " Franc Tireur".

La guerre de 39/40 le rattrape et la Gestapo l'emprisonne deux mois à la Santé puis l'expulse. Il disparaît le 5 Mai 1958 à 83 ans . ( HANSI meurt en 1951 ) . Il est retombé dans l'oubli de ses compatriotes à l'exception de quelques uns qui ont assuré sa survie matérielle des dernières années par la création d'un Comité Henri ZISLIN.

HANSI, ZISLIN : deux destins parallèles animés par la même foi : l'amour de leur pays et le farouche refus de la germanisation imposée.

Il est peut-être présomptueux de dire que sans ZISLIN il n'y aurait pas eu HANSI mais il est certain que ZISLIN a toujours été le combattant de première ligne , et qu'à ce titre il a reçu beaucoup de coups de la part de l' Administration prussienne qu'il provoquait sans cesse. Les jours , semaines et mois de prison qui se sont abattus sur lui ne lui ont jamais fait baisser les bras . Tout au contraire , chaque fois , il sortait de prison encore plus déterminé et plus combatif qu'auparavant .


La seule différence notable entre les deux hommes réside dans le fait qu'HANSI a très vite bénéficié d'une notoriété qui a dépassé l'Alsace - Lorraine ( Publication du Professor Knatschké à plus de 50 000 exemplaires ) . Le style du dessin de ZISLIN était plus celui de la caricature féroce que l'on retrouvait dans la presse de l'époque et qui était loin du politiquement correct de la nôtre.

HANSI a su, après la guerre , redevenir Jean Jacques Waltz , cet extraordinaire aquarelliste qui s'est exprimé au travers de livres splendides tels que Colmar-en-France , Au pied de la Montagne Sainte - Odile , les Clochers dans les Vignes , etc. Il se consacra également à l'Héraldisme en faisant paraître 3 volumes de très haute qualité . il prit la succession de son père , André Waltz , en qualité de conservateur du musée de Colmar .

ZISLIN , quant à lui , est resté ZISLIN .

Leur fin est similaire : les deux sont morts , l'un dans la gêne , pour ne pas dire dans la misère , et l'autre presque oublié . J'ai cherché en vain dans le Paris Match de la semaine de la disparition de Hansi ( 10 Juin 1951 ) une moindre ligne relatant sa mort . La paix retrouvée de 1945 après celle de 1918 ne laissait plus de place à ces vieux combattants qui en devenaient presque gênants tellement leur combat avait été intense et juste .

Les publications de Henri Zislin

1903 : D'r Klapperstei : journal satirique dont 52 numéros ont été édités jusqu'en 1905
1903
: Allerlei politisch's vu Milhuse
1905
: Das Elsass als Bundesstaat
1906
: D'r lustig Pompier
1907
: Dur's Elsass , journal satirique paru en 265 numéros de 1907 à 191
1913 : Sourires d'Alsace : première éditon d'un receuil de 200 dessins
1914
: Kriegsberichte : journal satirique publié pendant la guerre
1916
: Sourires d'Alsace : réédition de 1913 avec 286 dessins
1919
: A travers l'Alsace : reprise de Dur's Elsass de 1919 à1923
1923
: Nachrichtendienst : journal paru entre 1923 et 1930
1926
: Die Zukunft
1930
: Le Franc - Tireur : journal satirique
1945
: Wochenkurier : bulletin édité pour les prisonniers de guerre allemands
1950
: L'âme Alsacienne : Livre co écrit avec Paul Muller sur la résistance alsacienne

extrait des sites de Roland Muller consacré à Hansi et Zislin
 roland.muller@wanadoo.fr

http://www.chez.com/hansi/

http://www.chez.com/zislin/

 


Germain Muller et le "BARABLI" (Strasbourg)

Une plaque pour Germain

« Incarnation de l'âme alsacienne », homme de théâtre et homme de lettres, Germain Muller a désormais une plaque à Strasbourg.

Hier soir a été dévoilée place Broglie à Strasbourg en présence du nouveau maire Roland Ries une plaque commémorative en hommage à Germain Muller. Elle représente le père du fameux Barabli de profil, le nez tourné vers l'hôtel de ville où il a si souvent siégé en tant qu'adjoint au maire Pierre Pflimlin. De l'autre côté de la place, à un jet de pierre, se trouve les mess des officiers qui a vu tant de représentations des différentes revues et à côté il y a l'opéra. L'inscription dit : « Germain Muller. Homme de lettres 1923 - 1994. Fondateur du cabaret Barabli. Adjoint à la Culture. Président Fondateur de l'Opéra du Rhin. » Ainsi se retrouve résumée en quelques mots la vie d'un homme qui a été pendant plusieurs décennies un véritable porte-drapeau de notre région, moins sur le mode politique que sur celui du rire.

Les Alsaciens se l'étaient approprié et lui donnaient simplement du « Germain », jamais du « Monsieur Muller». C'est lui qui, après la guerre, leur avait réappris à rire d'eux-mêmes et à s'accepter. Germain c'était encore, et cela a été rappelé hier soir, un authentique humaniste et un auteur qui ne manquera pas d'être redécouvert un jour.

 

Sa pièce « Enfin, redde mer nem devon » («Enfin, n'en parlons plus») retrace avec beaucoup de sensibilité les traumatismes alsaciens dans le conflit franco-allemand. Comédien talentueux dans ses propres revues, Germain Muller en assurait également l'écriture et la mise en scène et il était souvent sollicité comme acteur par la télévision allemande. Roland Ries, dont c'était l'une des premières sorties officielles, a retracé ces différentes facettes devant une assistance nombreuse composée d'amis artistes et politiques, avec en tête l'épouse de Germain, la comédienne Dinah Faust, et le président Pierre Pflimlin. « Il était l'incarnation de l'âme alsacienne avec ses contradictions et ses déchirements. Il a essayé de faire la synthèse entre la culture française et l'identité alsacienne », résume le maire de Strasbourg qui a salué « l'extrême ouverture et l'esprit de dialogue » de Germain. C'est Théo, petit-fils du disparu, qui a dévoilé la plaque à la fin de la cérémonie.

Gravé dans la pierre, le père du Barabli a le profil tourné vers l'hôtel de ville où il a si souvent siégé en tant qu'adjoint au maire.

" MONSIEUR " GERMAIN


Le Barabli est toujours ouvert

Un premier volume des poèmes et chansons de Germain Muller vient de paraître dans Stammtisch, la nouvelle collection de l'éditeur Do Bentzinger.
Dans ce premier volume Coup de coeur figurent de nombreux " classiques " empruntés au répertoire du Barabli. Rien d'étonnant lorsqu'on sait que cette collection a été confiée à Bernard Jenny, l'auteur d'une passionnante biographie sur Germain Muller. Les lectures des deux volumes - le petit recueil de poèmes et la monumentale biographie remplie d'anecdotes - se complètent merveilleusement, car l'on y apprend comment sont nés d'inoubliables textes comme " Steckelburjer swing ", " Kumbel vum Cuntad " ou " D'Letsche ". C'est une leçon d'histoire strasbourgeoise, intimement liée à la vie du génial satiriste.

Jérôme Do Bentzinger Ed.
- " Germain - En Alsace le contraire est toujours vrai ", 510 pages, 160 F
- " Coups de coeur ", 134 pages, 88 F

BONS MORCEAUX


Un boucher nommé Siffer

Pour ses 50 ans, il se devait de faire ou de dire, enfin de commettre, quelque chose. Il l'a fait. Et le résultat n'est pas triste.

Pour ses Morceaux choisis*, le barde alsacien a choisi le dépeçage avec " l'écorché du livre de sciences naturelles de notre enfance. Il fallait bien de la Ordnung quelque part. J'ai tenté d'arracher la peau, symboliquement, pour mettre encore plus à nu ". Est-ce une psychologie de l'Alsacien ? Allez savoir. Toujours est-il que l'homme du Val-de-Villé décortique tout depuis le biceps jusqu'à la peau. Et tout y passe. Quand on dit tout, c'est tout. Vous verrez bien.

Si quelque part tout finit par des chansons, chez Roger Siffer, tout finit par " ces proverbes qui nous gouvernent ". Un petit exemple pour finir en gaieté : " Wenn de Kopf eweg esch, het de Arsch Firowe ", (Quand la tête est enlevée, le cul est tranquille ). Bonne lecture.
Éd. Nuée bleue, 127 pages, 140 F.

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