1ère Libération de Mulhouse...
b) sous administration française (1918-1940)
Dès le mois d'août 1914, Mulhouse fut le théatre de violents combats entre les troupes françaises et allemandes. Après de longs mois de bataille, les troupes françaises entrèrent à Mulhouse, accueillies par une population en délire.
Entrée des troupes françaises à Mulhouse en 1918
On attend le "chénéral"...
En 1918 : Le traité de Versailles rend à la France l'Alsace-Lorraine, et par voies de conséquences : Mulhouse.
Tous les Mulhousiens nés avant 1918 doivent demander la nationalité française (mon père, Lucien, né en 1914). Les autres naissent français (mon oncle Raymond, né en 1920). Et tous ceux qui suivent... Ainsi, naissent entre les deux guerres : Andrée Marie Louise (1923) Guy (1935) et Serge (1939)
Le livre des adresses de Mulhouse nous donne pour l'année 1921 :
- Antoine (1875-1923) (menuisier) 65, rue Koechlin
- Charles (fabrique de meubles, notre grand père) 40, rue de la Charité
- Emile (forgeron, né à Diebolsheim) 23, rue Laurent
- Germain ou Hermann (menuisier) 2, passage des Augustins
- Gustave (1881-1946) (journalier) 39, rue Koechlin
- Jeanne (sans profession) 23, rue Laurent
- Jules BRIGEL (représentant, fils de Louis Emile de Diebolsheim) 16, rue de Battenheim
- Jules (sculpteur, frère d'Antoine) 55, rue Koechlin
- René BRIGEL (serrurier, fils de Louis Emile de Diebolsheim) 23, rue Laurent
- Sophie (veuve de Théodore) 16, rue Oberkampf
Et en 1932 :
- Emilie, ouvrière, 55, rue Koechlin
- Rosalie, Vve, ouvrière, 55, rue Koechlin
- Jules BRIGEL (représentant) 32, rue de l'Etoile
- René BRIGEL (ajusteur chemin de fer) 23, rue Laurent
La 2ème guerre mondiale à Mulhouse : c) sous l'occupation allemande (1940-1945)
Le quartier de la gare du Nord après un bombardement
La France décréta le 2 septembre 1939 la mobilisation générale. Le 18 juin 1940, les troupes de Hitler entrèrent dans Mulhouse. L'Alsace fut rattachée au pays de Bade, mais juridiquement rien n'était changé. L'administration allemande fut donc imposée de fait. Cela se traduisit pour nous par :
- la mise en place du parti nazi qui organise, encadre, surveille et contrôle la population
- la germanisation : interdiction de parler français, port du bérêt interdit, livres français brûlés, germanisation des noms et prénoms français (Hansi et Zislin sont les farouches opposants à cette germanisation, ce qui leur vaudra d'être souvent emprisonnés )
- la politique culturelle : on persuade les alsaciens de leur appartenance à la communauté germanique
- les groupements professionnels (inscription obligatoire à la Deutsche Arbeitsfront)
- l'incorporation de force. Le 24 août 1942 était instauré le service militaire obligatoire pour les Alsaciens, ceux que l'on appelle : "les malgré-nous".
Et c'est ainsi que mon père et mon oncle vont être enrôlés dans la Wehrmacht. L'un (Lucien) sera envoyé sur le front de la Baltique, en Norvège, dans la marine allemande. L'autre (Raymond) sera envoyé sur le front russe, à Polozk, où il sera déclaré "disparu" à Derbilowo, peut-être mort ou peut-être envoyé en captivité, jusqu'à sa mort, dans les sordides camps sibériens .
Durant cette période, « le rejet de l'Allemagne prit des formes bien diverses : l'humour alsacien se donna ainsi bientôt libre cours contre la présence des Allemands du III° Reich. Rires en coin quand Ernst Schwartz, linotypiste du Mülhauser Tagblatt laisse malencontreusement passer Mein Krampf - "ma connerie" - au lien de Mein Kampf (quatre mois de prison quand même, et trois semaines pour le correcteur Auguste Laemlin !). Francs éclats de rire quand la rue du Sauvage, une des rues principales de Mulhouse est rebaptisée "avenue Adolph-Hitler" .... ». Voir également les caricaturistes Hansi et Zislin....
extrait du livre de Pierre Rigoulot "La tragédie des Malgré-Nous"
Les dessins sont de Jean-Jacques Waltz dit "Hansi " (1873-1951)
2ème Libération de Mulhouse...
d) après la Libération (1945)
Le 21 novembre 1944, la 1ère DB pénétra dans Mulhouse où la surprise fut totale. De profondes inquiétudes hantaient les esprits : le sort des "malgré nous" retenus dans les troupes allemandes et dans les camps russes. A ce sujet, il existe de nombreux ouvrages publiés par des rescapés. C'est vraiment une triste page de notre histoire....
(Ce fut hélas le cas de mon oncle Raymond qui ne revint jamais à Mulhouse)...
Mulhouse a payé un lourd tribu à la guerre : la ville a perdu 1488 habitants dont 499 civils dans les bombardements, 193 soldats tombés dans l'armée française, et 796 dans la Wehrmacht. La reconstruction de la ville ne fut achevée qu'en 1958.
Dans le livre des adresses de 1947, on trouve :
- Charles (fabricant de meubles) 40, rue de la Charité
(c'est mon grand père)- Charles (serrurier) 48, rue des Vosges
- Emilie 55, rue Koechlin
- Jules (sculpteur) 46, rue Hubner
- Lucien (chef d'entreprise) 48, rue Jean Mieg (c'est mon père)
- Rosalie (journalière) 55, rue Koechlin
- Gustave BRIGEL (ouvrier) 71, rue Koechlin
- Jules BRIGEL (représentant) 32, av Roger Salengro
- René BRIGEL (serrurier) 23, rue Laurent
L'histoire "mulhousienne" n'est certes pas terminée, mais dans l'attente de prochains renseignements....
En attendant, quelques vues du 48, rue Jean Mieg qui n'a pas tellement changé en 50 ans. C'est bien ici que j'ai passé les premières années de ma vie...